Végétal design / Patrick Nadeau
Auteur : Thierry de Beaumont
Coéditions Alternatives et Particule 14.
En librairie le 23 mai 2012
22 x 28, 160 pages quadri + 1 cahier de 16 pages (herbier) > 29 €
Et si les plantes, pourtant dénuées de cerveau, étaient plus sages et mieux organisées que nous ? Comment communiquer alors avec elles, si ce n’est par le langage des formes et des matières ? Pourquoi ne pas passer un pacte de symbiose et de respect avec le règne le plus mystérieux de la planète ? Ces réflexions, qui font voler en éclat plusieurs siècles de philosophie occidentale basée sur l’anthropocentrisme, occupent l’esprit de l’architecte et designer Patrick Nadeau depuis le début des années 2000. Ses premières recherches, consistant à intégrer des plantes dans du mobilier ou à réaliser des jardins nomades et modulables, l’ont rapidement amené à créer un mouvement audacieux et visionnaire : le design végétal, entrainant dans son élan écoles, étudiants, fabricants et éditeurs haut de gamme de mobilier et d’objets. Plongeons avec lui dans cette nouvelle alliance mutualiste, ouvrant de multiples perspectives créatives grâce aux nouveaux outils technologiques et scientifiques liés, entre autres, à la biologie végétale.
Ce livre retrace l’itinéraire d’un designer qui entend créer en symbiose avec le vivant afin de recevoir de la « part verte du monde » les clés d’un environnement domestique innovant, poétique et sensible.
L’auteur, Thierry de Beaumont, enseignant et journaliste, profite de l’avènement du design végétal pour revisiter l’histoire de nos relations avec le monde végétal à l’échelle d’un intérieur, d’une ville, d’un site. De l’ébouriffante histoire du pot de fleur à l’étude des premiers « desseigneurs » des jardins à la française au 17e siècle qui pensaient rideaux d’arbres et tapis de pelouses, des recherches sur l’hydroponie à celles, prometteuses, sur la photosynthèse et l’énergie, il défriche un champ de pensée complètement neuf, nous amenant à reconsidérer les rapports intimes que nous entretenons avec les plantes, car, même dépourvues de cerveau et de langage, elles ont souvent le dernier mot, celui de la raison naturelle.
PREFACE
À la terrasse du bar La Place Verte (un nom prédestiné !), nous échangions avec
mon ami Patrick Nadeau sur la conception d’un événement autour du temps
et du végétal. Patrick me parle alors des « horloges végétales » du XVIIIe siècle,
sorte de jardin qui s’animait tout le long du jour et donnait ainsi l’heure
qu’il était… (approximativement, me précise-t-il, de son ton rêveur).
Tout Patrick Nadeau est là, un savant mélange d’érudition et de simplicité,
un ton bien particulier…
J’ai rencontré la première fois cet oiseau tombé du nid, il y a dix ans, pour un
projet en béton ! Le sujet était suffisamment surprenant : un architecte-designer
amoureux du végétal venant me parler d’un projet en béton ! Incongru.
Il s’agissait de monter des bibliothèques végétales pour la ville de Rennes en
utilisant la technologie des bétons haute performance : une magie, une poésie
à l’état pur, une justesse du propos, une force tout en délicatesse, une présence
tout en discrétion. En y repensant, je ne sais plus si c’est du projet ou de l’homme
dont je parle. Qu’importe, Patrick est si empreint de son travail ou inversement,
le résultat est là. Sa candeur sait dompter avec souplesse ce matériau vivant et
lui imposer naturellement une conversation avec des formes figées. À moins
que ce ne soit notre « jardesigner » qui ne s’en laisse imposer par le végétal et
la matière vivante pour (ré)inventer des espaces plus sensibles et plus humains.
De la douceur dans un monde abrupt, urbain, et bétonné, un esprit vert et ouvert
sur la nature, qui rêve peut-être de se voir transporter un jour vers les cieux
par un haricot géant, voilà comment j’imagine Patrick Nadeau.
Mais ne vous méprenez pas ! Derrière ses petites lunettes et sa coiffure
ébouriffée d’artiste un peu ailleurs se cache un architecte qui s’interroge
à la fois sur la possibilité pour le végétal d’être enfin considéré comme un
matériau de construction à part entière, et sur le statut même de la plante
dans son individualité, sa diversité et son statut d’organisme vivant, unique
et respectable. Des questionnements qui devraient être les nôtres lorsque
nous piétinons nonchalamment, du bout de nos chaussures, ce que Dame Nature
nous offre.
Ce livre nous invite à une balade dans notre environnement quotidien,
je veux parler de ce qui nous entoure où que nous soyons – en ville, à table,
au bureau, au bain… – qu’importe, la nature nous enveloppe et a horreur
du vide ! Ne l’oubliez jamais !
Laurent Denize d’Estrées